
Depuis le 24 février 2022, l’Ukraine fait face à une invasion militaire de la Russie qui a coûté la vie à des centaines de milliers d’Ukrainiens et Russes. Ce conflit domine la politique internationale depuis les 3 dernières années, mais la fin du conflit semble se dessiner à l’horizon avec l’arrivée de la nouvelle administration à Washington. Cette nouvelle approche est beaucoup plus hostile à l’Ukraine et favorable à la Russie avec un ton particulièrement dur envers le président ukrainien Volodymyr Zelensky. La rupture entre l’Ukraine et les États-Unis semble être sur le point de se concrétiser et ce n’est pas un traité d’exploitation des minéraux ukrainiens qui va changer la donne. Dans le cadre de cet article, nous revenons sur la séparation entre ces deux pays qui semblait irréaliste avant l’arrivée au pouvoir de Trump.
Un bref historique sur les relations entre l’Ukraine et les États-Unis
Pendant la majorité du 20 siècle, le climat politique de l’Ukraine ou la République socialiste soviétique d’Ukraine (RSSU) fut particulièrement instable avec de nombreuses guerres et une famine qui a causé la mort de millions d’Ukrainiens. L’Ukraine fut brièvement indépendante pendant la révolution russe, mais elle tombe sous le contrôle de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1922. À la suite de la dissolution de l’URSS en 1991, l’Ukraine obtient son indépendance et redevient maître de sa destinée.
Cependant, la nouvelle indépendance de l’Ukraine cause des inquiétudes chez certains pays, car elle détient le troisième plus grand armement nucléaire au monde. Après de nombreuses pressions, le Mémorandum de Budapest est signé entre l’Ukraine, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni. L’Ukraine accepte d’abandonner ses armes nucléaires en échange de garanties par rapport à sa sécurité et son intégrité territoriale de la part des trois autres pays.
Pendant les décennies suivantes, l’Ukraine et les pays occidentaux ont discuté de la possibilité que l’Ukraine adhère à l’OTAN et l’Union européenne. Ces discussions ont mené à plusieurs débats au sein de l’Ukraine et à des relations diplomatiques plus difficiles avec la Russie. En 2014, une révolution en Ukraine éclate et provoque la chute du gouvernement jugé prorusse. Quelques semaines plus tard, la Russie envahit la péninsule de la Crimée et l’annexe ce qui est dénoncé par plusieurs pays à l’international.
Au printemps 2014, une guerre civile éclate dans la région du Donbass entre les forces séparatistes prorusses et l’armée ukrainienne. La Russie crée deux républiques sécessionnistes sur des territoires ukrainiens qu’elle occupe. Un accord de paix est signé en 2015, mais des incidents violents ont encore lieu jusqu’en 2019. En hiver 2019, l’Ukraine intensifie les discussions pour adhérer à l’OTAN ce qui envenime davantage les relations avec la Russie et provoque l’invasion russe en 2022.
Début de la guerre : l’approche Joe Biden
En 2021, la Russie effectue un important déploiement de troupes tout le long de la frontière avec l’Ukraine en préparation à une invasion. La tension monte entre l’OTAN et la Russie ce qui pousse celle-ci à reconnaitre l’indépendance des deux républiques séparatistes. L’armée russe envahit les territoires de l’est de l’Ukraine ce qui déclenche le début du présent conflit.
Cette invasion est rapidement considérée comme une guerre d’agression de la part de la Russie qui a invoqué l’autodéfense pour justifier cette violation de la souveraineté de l’Ukraine. Les pays occidentaux décident d’imposer d’importantes sanctions à la Russie et d’apporter leur soutien à l’Ukraine.
Les États-Unis dirigés par Joe Biden fournissent du matériel militaire et apporte un appui inconditionnel à l’Ukraine face à la Russie. Malgré les prétentions de la nouvelle administration, la contribution américaine s’élève à 122,2 milliards de dollars et non 350 milliards comme elle l’affirme à plusieurs reprises. Cette somme représente un investissement énorme qui est équivalent à tout le financement donné par l’Europe, mais il ne faut pas oublier que les États-Unis se sont engagés à assurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Malgré cela, le financement de l’Ukraine est très critiqué et devient impopulaire dans l’électorat républicain qui fait face à une situation économique difficile lors des mois précédents l’élection de 2024.
La séparation entre l’Ukraine et les États-Unis : La nouvelle approche
Lors de la campagne électorale de 2024, Donald Trump a exprimé à plusieurs reprises son désir de mettre fin à ce conflit qui coûte trop cher aux Américains selon lui. Il a aussi été très critique de son prédécesseur pour avoir permis à un tel conflit de débuté sous sa gouverne. Il a même affirmé être capable de mettre fin à la guerre en 24h ce qui n’est pas arrivé. Dès les premières semaines de l’ère Trump 2.0, on a senti que le ton avait changé. Le président américain critiquait davantage l’Ukraine que la Russie malgré le fait que c’est la Russie l’envahisseur. Il est même allé jusqu’à dire que le président Zelensky était un dictateur puisqu’il n’a pas été en élection depuis le début de l’invasion. Il est important de noter que la loi martiale ne permet pas au président de déclencher des élections tant et aussi longtemps que la loi est active.
L’administration veut aussi récupérer son investissement dans ce conflit en obtenant un accord pour obtenir les droits d’exploitation des minerais ukrainiens. L’Ukraine est prête à accepter un tel contrat, mais elle souhaite obtenir des garanties de sécurité face à une Russie qui envahit son territoire. L’administration refuse de garantir la sécurité de l’Ukraine et souhaite obtenir les minerais sans vraiment offrir de contrepartie intéressante pour l’Ukraine.
La rencontre houleuse à la Maison-Blanche
Les tensions entre les États-Unis et l’Ukraine éclatent au grand jour lors d’une rencontre entre Trump et Zelensky qui est filmée. Lors de cette rencontre, le président et son vice-président sont très hostiles envers Zelensky l’accusant de ne pas être assez reconnaissant pour le soutien américain. Ils l’interrompent à de nombreuses reprises et il n’a pas vraiment l’opportunité de plaider sa cause comme s’il était déjà condamné. C’était une des premières fois qu’on voyait un président américain attaquer aussi ouvertement un chef d’État en visite à la Maison-Blanche. Cette rencontre représente un renouveau de la politique internationale américaine. Le président américain a prouvé qu’il est prêt à utiliser le chantage et l’intimidation pour obtenir ce qu’il veut.
Quelques jours plus tard, les États-Unis suspendent l’aide à l’Ukraine pour forcer le président à adhérer aux conditions américaines. Dans toute cette histoire, la Russie se « lèche les babines » en voyant enfin la victoire à portée de main sans même avoir remporté une bataille décisive. Les Américains sont sur le point de sacrifier l’Ukraine à la Russie pour des raisons obscures et nous pouvons seulement regarder impuissants pendant que l’Ukraine se fait démanteler par les puissances.
Les réactions à l’international
Les actions de l’administration Trump ont été très critiquées par les pays européens et le Canada qui ont réaffirmé leur support à l’Ukraine, mais la suspension de l’aide américaine risque de créer un trou qui ne peut pas être comblé par ces pays. Pendant que l’administration américaine négocie avec la Russie, les pays d’Europe sont exclus des négociations et doivent adapter leurs méthodes face à puissance qui est prête à tout pour retrouver sa grandeur du passé.
Il est difficile d’imaginer ce que les pays occidentaux peuvent faire sans l’appui des États-Unis. Cette victoire probable de la Russie inquiète les pays de l’Union européenne qui pourrait voir leur continent tomber dans une guerre dans les décennies à venir si la Russie continue à poursuivre ses objectifs expansionnistes. Les dernières semaines ont été un coup de semonce important pour le Canada et l’Europe qui ne peuvent plus compter sur l’Amérique dans cette ère Trump 2.0.
La suite?
La guerre en Ukraine a coûté cher et représente un investissement parfois difficile à justifier pendant que les économies occidentales connaissent d’importantes difficultés, mais la fin du conflit ne sera probablement pas la fin des tensions entre le monde occidental et la Russie. La fin du conflit pourrait aussi être le début d’un réarmement nucléaire, alors que les arguments en faveur d’un désarmement des pays semblent faibles face aux différentes menaces à la souveraineté des pays.
Le lendemain du conflit ukrainien sera particulièrement intéressant, car nous assistons aux premières loges à un réalignement de l’ordre politique international et il est difficile de prévoir ce qui va se passer. L’histoire est en train d’être écrite à Washington et en Ukraine. Espérons que cette histoire ne sera pas celle du début de la fin de l’humanité.
Sources
Radio-Canada Info
Le monde
NBC News
The New York Times
La Presse
AGENCE France-Presse
Le Journal du Dimanche
Image: Creative Commons